J'avais suivi avec intérêt la préparation des motions et j'espérais pour le PS une vraie rénovation avec une ligne politique non seulement sociale mais aussi crédible et réaliste.
Avec surtout une large place enfin laissée à de nouveaux leaders par des éléphants sagement en retrait.
J'assiste avec effroi au retour en fanfare des caciques et à leur combat de personnes plutôt que d'idées.
Ces caciques qui ont perdu toutes les dernières batailles, dont l'électeur est fatigué, dont les ambitions uniquement personnelles ne se cachent même pas.
Pourtant, les idées sont là et la possibilité d'ouverture pragmatique promue par Royal n'est pas en contradiction avec la vision d'une société plus juste défendue par Aubry, Delanoë ou même Hamon.
A partir du moment où Royal a présenté sa candidature hier, j'en ai conclu que le PS allait rater le coche. La confirmation aujourd'hui est nette, le front TSR se dessine avec précision et les larmettes royales achèvent d'agacer les plus tolérants.
Comme les autres, Royal a fait son temps.
Elle a bien entendu réussi à être en finale de l'élection présidentielle de 2007 mais ce succès relatif ne devrait pas occulter une autre réalité : sa personnalité lui avait aliéné de nombreuses voix, dont la mienne, dès le premier tour et c'est par défaut que je me suis reportée sur elle au second tour des présidentielles, comme beaucoup de bayrouistes.
Depuis lors, de livre édité en come-back médiatiques, de coups de poker en annonces tonitruantes, elle n'a pas cessé de jouer entre victimisation et sensiblerie de bisounours pour rester parmi "ceux qui comptent". Jamais elle n’a réussi par son charisme à fédérer autour d’elle l’ensemble des militants et ses talents d’orateur n’enflamment plus que la foule de ses supporters.
Je crois pouvoir dire sans me tromper que nous sommes nombreux à ne pas regretter, malgré ma grande détestation du gourvenement actuel, qu'elle n'ait pas été élue car, même si je pense que sa démarche de "démocratie participative" était une belle idée avant qu'elle ne devienne un "instrument", je ne vois pas très bien comment Ségolène aurait pu réunir autour d'elle un gouvernement fort et cohérent.
Je partage cependant l'idée de ceux qui pensent que le PS ne pourra pas gagner seul et que ses valeurs sont aujourd'hui plus proches de celles prônées par le MoDem que par le NPA.
Mais gagner en misant sur l'élargissement ne veut pas dire gagner avec Bayrou qui lui-même a désenchanté nombre de ses néomilitants venus du PS et désormais repartis errer dans le no man's land de l'abstention.
L'erreur est colossale d'avoir confondu le leader Bayrou et son électorat.
Il montre que cet électorat n'a pas été compris, n'a tout simplement pas été réellement "pris en compte".
Ce vivier de voix, qui a largement dépassé le score naturel de l'UDF, était composé quasiment dans les mêmes proportions d'électeurs du centre droit ou d'UMP refusant l'hégémonie sarkozyste et d'électeurs déçus de la gauche et du PS en particulier.
Il suffisait que Royal, ainsi que les autres caciques, ne veuillent pas remonter sur le podium pour que ces électeurs puissent de nouveaux se tourner vers le PS.
En faisant le choix de nous resservir les mêmes têtes qui avaient conduit le Pen au second tout en 2002 et en prenant comme orientation le "à gauche toute" déjà largement occupé par Besancenot, le PS se tire une balle dans le pied pour 2012.
A moins que par un sursaut salvateur, les tractations de coulisses de ces prochaines heures n'amènent les uns et les autres à faire leur examen de conscience ainsi qu'une étude accélérée des attentes des français non-extrêmistes mais néanmoins sensibles aux aspects sociaux, le PS aujourd'hui ouvre un large boulevard à Bayrou et Besancenot, et, par ricochet, à un nouveau mandat UMPiste.
Alors, que l'on pense que Royal a fait un bon coup médiatique en appelant au référendum militant pour statuer sur une éventuelle alliance avec le MoDem ou que l'on juge que le discours de Emmanuelli (rappelant les propositions économiques de Peyrelevade ou la décision autocratique de Ségolène concernant le choix de Bayrou comme premier ministre) achève de la condamner, peu m'importe au fond : le PS a déjà, à mon avis, en grande partie perdu.
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