Elle est belle mon Europe

Bon alors j'ai pris la position du penseur de Rodin... Enfin à un poil près puisqu'au lieu d'avoir la main sous le menton, je l'avais sur le clavier. C'est que j'avais décidé de rédiger mon publi-reportage bimensuel sur Courrier international.

C'est que ce n'est pas simple de travailler sur commande quand on a l'habitude de cracher du billet au rythme qui nous convient ou dès qu'une nouvelle nous chatouille le neurone.

Bref, tout ça pour dire que je suis allée me balader sur le site du dit hebdo en ligne pour trouver de quoi me mettre en émoi.

Et voilà, j'ai trouvé. Entre burqa, chine et indonésie, il y avait plusieurs articles sur l'Europe... Je ne savais même pas que la présidence tchèque s'était achevée le 1er juillet et que c'était désormais Stockholm qui prenait le relais !

Je n'avais pas non plus suivi - au début de la présidence tchèque - le miniscandale de l'exposition Entropa :

"Une sculpture, composée de 27 modules représentant chacun un Etat-membre de l'Union, trône au beau milieu de l'atrium du Conseil européen à Bruxelles. L'idée était de représenter chaque pays par un préjugé ou un stéréotype, une manière de prôner "une Europe sans barrière".

Une sculpture ressentie comme une provocation par beaucoup avec la France barrée d'un large "En grève" ou la Bulgarie couverte de toilettes à la turc...

Entre temps, il y a eu les élections européennes avec le succès démocratique que l'on sait. Une sorte de sursaut de la bête oubliée, retournée depuis à mille lieux de nos préoccupations.


Lenka Zlamalova du quotidien Hospodárské Noviny (voyez comme soudain je suis cultivée !), bref un journaliste tchèque, fait le bilan des 6 mois de présidence dans un article intitulé Grandeur et décadence de la présidence tchèque.

ça commence très fort :

Pendant six mois, nous avons eu un espace exclusif pour montrer de quoi nous étions capables, mais nous l’avons utilisé pour nous ridiculiser. On se souviendra de cette présidence comme d’une tragi-comédie praguoise à rebondissements

On ne peut pas vraiment dire que les Tchèques ont défendu moins d’idées que les Français. Nous avons sans doute à notre actif plus de succès concrets, mais les Français ont su paraître plus dynamiques.

Nous avons nous-mêmes confirmé notre image de petit pays incapable d’être à la hauteur de la tâche, une image esquissée dès le début de cette présidence par Nicolas Sarkozy.

Voilà le tableau posé : Pour le journaliste - qui le démontre en anecdotes qui donnent effectivement le fourire - "Dans les affaires, ce n’est pas nécessairement celui qui sait faire la meilleure chose qui gagne, mais celui qui sait créer autour de lui l’image la plus séduisante pour mieux la vendre."

De fait, dans l'ombre ou plutôt alors que les médias s'intéressaient davantage aux rebondissements croquignolesques, la présidence tchèque aura oeuvré à quelques beaux succès ... Dont nous aurons presque tout ignoré.


On trouve dans un autre article un peu goguenard (l'Europe en petite forme démocratique), l'explication à ce phénomène.

L’Europe est indestructible. La présidence tchèque s’achève tranquillement ce 30 juin sans que l’UE n’ait subi de dommages notables. Souvenons-nous que, pendant cette période, le gouvernement de la République tchèque, un pays dont le président, Václav Klaus, est un eurosceptique notoire, s’est effondré - et le reste de l’Europe n’y a pratiquement rien vu.

L’Europe fonctionne manifestement sans les Etats membres et sans les citoyens.

A quoi bon se lamenter sur le désintérêt pour la politique européenne, quand les citoyens ont le sentiment que “ceux d’en haut font ce qu’ils veulent” ? C’est d’ailleurs cette impression qui anime l’étrange alliance qui a soumis le traité de Lisbonne au Tribunal constitutionnel. La plus haute juridiction d’Allemagne rend sa décision le 30 juin.

Finalement, le traité sera jugé conforme à la constitution allemande et les hautes instances européennes pousseront un "ouf !" de soulagement tandis qu'en France - et ailleurs je présume - le quidam s'en fichera éperdument.

D'ailleurs le journaliste du Welt am Sonntag de conclure : "Que le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe se mette en travers des partisans du traité Ce ne serait pas une catastrophe. Puisque l’Europe est indestructible.