« Moi j’ai toujours vote à gauche ou écologiste et maintenant j’ai la carte du modem. Pourquoi ? Parce que depuis quelques années à chaque fois que François Bayrou parle il se trouve que je suis d’accord avec lui , et ce qu’il dit, il le dit bien mieux, bien plus fort et toujours plus à propos que toute la gauche qui est totalement inaudible sur tous les sujets primordiaux. » Témoigne un internaute sur le site de la Télélibre.

Et pour cause, chacun peut se retrouver sans peine dans le flou des propos bayrouistes !


La stratégie Bayrou : Tirer sur l’ambulance, enfoncer des portes ouvertes et ratisser large sans jamais préciser sa pensée.

A l’écoute de l’entretien de ce matin sur France Inter, on découvre tout Bayrou : très occupé à faire longuement la critique de l’existant, il adopte une posture de faux modeste face à la question de Nicolas Demorand « Et ce projet, c’est vous ? » « Noon, je n’ai pas cette fatuité … » répond-il.


Le même commettait pourtant un joli lapsus lors du lancement de la campagne européenne du Modem en confondant européennes et présidentielles.


Questionné ensuite sur les « pistes » qu’il propose, Bayrou affirme : « Pour moi la piste, c’est retrouver les valeurs et la fierté de ce qui a fait le modèle républicain français, le corriger là où il ne va, l’améliorer là où il est nécessaire de le faire, mais sans en changer la direction parce que ces valeurs sont justes ».

N’importe qui, de n’importe quel bord politique, peut se retrouver dans ces paroles ! Ni le quoi, ni le où, ni le comment ne sont précisés. Ni non plus les fameuses valeurs qui font la fierté du modèle français !


Tout comme son slogan « Faire de la politique autrement » a conduit à la déception des milliers d’adhérents qui n’avaient entendu que ce qu’ils voulaient entendre.

Et Bayrou rajoute - ce qui ne fait pas de mal aux oreilles des électeurs du PS qu’il drague ni à celles de son électorat chrétien-démocrate - : « Le monde est à la recherche d’un modèle nouveau dans lequel la solidarité joue pleinement son rôle ».


A l’épreuve des faits, toutefois, Bayrou, le grand pourfendeur du sarkozysme, ne pèse rien.

Les Français ont la mémoire courte et, en ces temps troublés qui les inquiètent, ils sont, tout comme en 2007, prompts à croire qu’un homme les sauvera. Or Bayrou croit en son destin et pense être cet homme providentiel. Une attitude messianique qu’on lui a reprochée souvent mais qui porte ses fruits et risque de le conduire à l’Elysée en 2012.

Que cette éventualité advienne et les Français pourront alors se mordre à nouveau les doigts pendant 5 ans. Après l’agité en effet, ils risquent bien de se retrouver avec un imposteur velléitaire, un visionnaire dénué de capacité d'action, à la tête d’un pays en carafe.

Son bilan au ministère de l’Education national laisse à désirer. Certes les idées étaient parfois bonnes mais rien de concret n’est véritablement sorti de son passage au gouvernement.

En premier lieu, François Bayrou, le chantre de la laïcité, a choisi l’école privée contre l’école laïque.
« Dés son arrivée au ministère de l’Éducation nationale, François Bayrou a un projet qu’il veut faire aboutir en urgence : réviser la loi Falloux. Il présente en décembre 1993,au nom du gouvernement RPR-UDF, une loi qui comprend cet article : « Les établissements privés sous contrat peuvent bénéficier d’une aide aux investissements. Les collectivités territoriales fixent librement les modalités de leur intervention. ».

Bayrou veut permettre ainsi aux collectivités territoriales de subventionner les établissements privés au-delà du seuil des 10 % prévu par la loi Falloux. La puissante mobilisation citoyenne contre ce mauvais coup porté à l’école publique et la censure du Conseil constitutionnel ont permis de faire échouer cette tentative »


En 1996, un article de l’Express fait le bilan sans concession de l’action du Ministre : Les intentions sont louables mais, dans les faits, les réalisations tardent. Du fait de l’opposition de syndicats enseignants, du manque de moyens mais aussi d’un certain immobilisme de son ministère, les bonnes idées restent à l’état de vœux pieux ou ne sont que partiellement appliquées.


Plus proche de nous, le management de son parti laisse plus qu’à désirer. Sa charte des valeurs, fièrement annoncées au Zénith en 2007 sous les hourras de la foule en délire, est restée lettre morte.

Autour de lui, en fait de « nouvelle génération politique », on retrouve les mêmes caciques qui faisaient l’UDF et quelques vieux briscards venus au MoDem se refaire une virginité. Et sa supposée indépendance se traduit par une perpétuelle danse du ventre devant ceux qui pourraient le soutenir pour qu'il parvienne à son objectif présidentiel.

Le vrai Bayrou est celui-ci, qui n'est en rien l'homme providentiel que certains espèrent.


Alors que l'on fête tristement le second anniversaire de la sarkozie, la perspective d'un Bayrou à l'Elysée en 2012 me fait trembler.