J'avais déjà exprimé mon avis à plusieurs reprises sur mon ancien blog, notamment dans un billet du 9 avril 2008 intitulé Peut-on conserver des structures rigides dans un environnement mouvant ?
Ce qui caractérise notre société du XXIeme siècle, c'est l'élargissement des horizons et l'accélération du temps. Les initiatives politiques ont des répercussions fortes bien au-delà des limites locales. Les échanges sont de plus en plus rapides, miltidirectionnels, et l'immédiateté des réactions s'amplifie.
Aussi, il me parait évident que les schémas organisationnels classiques des partis politiques ne peuvent perdurer. Hormis pour ceux dont les bases idéologiques sont notoirement éloignées d'une vision démocratique, de nouveaux modèles seront à court ou moyen termes inévitables sous peine de renforcer la désaffection et l'indifférence des citoyens [...]
A trop vouloir verrouiller et maîtriser les contenus dans leurs moindres détails, les partis politiques limitent leur capacité d'action, encouragent les guerres d'appareils et se fragilisent à l'extrême dès lors que l'état major subit quelques défections.
A contrario, clarifier les fondamentaux mais laisser plus d'autonomie sur l'ensemble des projets périphériques ou connexes permet d'élargir la base des soutiens, limite l'influence des leaders ou barons locaux et renforce le contre pouvoir quels que soient les choix individuels de quelques individus.
Chez Oaz, un de mes compagnons de route au joli temps des premiers espoirs MoDem, je viens de trouver une vidéo qui illustre à merveille tout ce qui fait que la politique dans son état actuel décourage, voire écoeure, ceux-là même qui voudraient encore changer les choses en s'encartant quelque part.
"Faire de la politique, c'est avant tout être élu pour faire passer ses idées" [...] Si vous n'avez pas compris ça, vous avez droit de militer dans des mouvements associatifs, dans des clubs, etc... mais la meilleure façon de faire passer ses idées, c'est d'être élu, c'est l'ABC de la politique"
"Permettez quand même à quelqu'un qui fait de la politique depuis 40 ans [...] de pouvoir parler de quelque chose que je connais"
"Je n'ai pas le droit de vous maintenir dans l'ignorance de ce qu'est la politique"
On a dans ces quelques propos, comme Oaz l'a d'ailleurs fait remarquer à JM Vanlerenberghe, "la vision et l'attitude condescendante qui sont les meilleurs moyens pour amener le Modem à 5% lors des prochaines élections".
Et Oaz de conclure :
"Visiblement, il y a une majorité de "cadres" du Modem qui n'ont pas encore compris que les forces drainées par F.Bayrou en 2007 ne veulent plus de cette politique de grand-papa.
S'ils veulent rester sur ce schéma là, grand bien leur fasse -ils ont un bifteck à défendre- mais ils vont finir à 5 gus au 133 bis rue de l'université".
Ce que Oaz souligne pour le MoDem est hélas vrai dans les autres partis. Et n'en déplaise à ceux qui préféreraient conserver leurs privilèges d'élus multi-mandats, les affaires de la cité ne sont pas l'apanage de leur caste. Bien au contraire, je ne vois d'évolution positive possible de notre démocratie que si les citoyens se saisissent largement de ces affaires.
Lorsque Quitterie Delmas a quitté le Mouvement démocrate, sous les quolibets de quelques cadors modemistiques, elle avait annoncé vouloir se mettre à faire véritablement de la politique autrement. A l'époque, j'avais soutenu sa démarche sans très bien savoir comment elle comptait s'y prendre.
Quelques mois plus tard, je retrouve chez Hervé, une vidéo dans laquelle elle exprime mieux que moi ce que peut être effectivement une telle position.
Elle cite André Breton " Je ne veux pas changer les règles du jeu, je veux changer de jeu" et témoigne de ce qu'elle a choisi comme voie depuis son départ du MoDem.
Tandis qu'en surface, les mêmes politiciens s'agitent et se traquent les uns les autres et se coalisent bruyamment contre la bête infâme, puis se rétrofélicitent avant de s'entr'égorger à nouveau, sur le terrain des flux multiples se croisent et se répandent.
Certains ont bien ri à la naissance d'Europe Ecologie, se gaussant de la troïka Bové, Cohn-Bendit, Joly. Ceux-là riaient moins lors des résultats des européennes. Aujourd'hui on fustige les mêmes qui s'ouvrent au PS et au MoDem et dialoguent avec Sarkozy.
Si, poursuivant l'aventure pour les régionales, le mouvement initié par Europe Ecologie ne sombre pas lui aussi dans la facilité d'une organisation cloisonnée et pyramidale, peut-être pourrions nous enfin assister à l'émergence d'un nouveau mode de représentation.
En attendant, les choses bougent en sourdine, d'autant plus librement que personne - parmi les élus de la République - ne s'inquiète de savoir ce qui se passe si bas.
14 commentaires:
Puis-je me permettre de rappeler que l'engagement politique EST un engagement "associatif" ?
@Claudio
C'est au sénateur modem Vanlerenberghe qu'il faut le rappeler :-)
Oh, je pensais à haute voix ;-)
Malgré toute l'affection que je garde pour Quitterie, son nouveau cheminement me laisse perplexe pour le moment. En effet, à part quelques initiés comme nous, qui touche-t-elle comme public pour faire passer un message ?
Les partis politiques me semblent incontournables, tout imparfaits soient-ils ? Les partis ne sont que des organisations humaines avec leurs qualités et leurs défauts...
@Jérôme
Ta perplexité a probablement comme explication le fait que tu ne regardes que la partie émergée (et gesticulatrice) de l'iceberg. Les partis politiques sont incontournables ? Mais non ! Ce ne sont pas eux qui ont le pouvoir mais plutôt les lobbies, les groupes de pression, ceux qui possèdent des capitaux. L'élu n'est souvent plus qu'un polichinelle pris en otage par ceux qu'ils caresse pour garder son siège.
Et si demain, les groupes de pression n'étaient plus uniquement financiers mais populaires ?
Tu as vu, quand des ouvriers excédés ont enfermé leurs dirigeants, avec quelle célérité soudain on a trouvé des solutions ? Sais tu que malgré le show stérile du grenelles des ondes, les associations finissent par obtenir ce que les politiques veulent enterrer ? As-tu remarqué de quelle belle façon les syndicats n'ont su que faire des grandes manifestations de cette hiver, comment il était clair que les gens étaient dans la rue mais pas derrière les pancartes traditionnelles ?
Les choses avancent je te dis .. Mais dans l'ombre.
Demain, pour moi et contrairement aux politiques, ne s'arrête pas à 2012.
Ils sont pressés par les échéances, nous, non et c'est notre force.
Les choses avancent : Front de gauche.
@pas perdus
Alors là, mon avis est diamétralement opposé au tien :-)
Au modem je crois que le problème est insoluble, il y a la politique de grand papa et celle des héritiers qui ensemble entrent en conflits de générations alimentant des débats inutiles et hors sujets, ce qui épuise les adhérents qui voudraient faire émerger autre chose, c'est à mon avis peine perdu, ceci dit pour les régionales avec quelques alliances bien placées tout le monde sera récompensé. L'idée d'un grand parti Orange est déjà bien loin, mais ça n'a jamais été la préoccupation de ceux qui veulent voir des têtes tomber aujourd'hui.
Je réfléchis sur ce sujet aussi mais je manque de temps et de conclusions pour l'instant. on est d'accord sur la nécrose du système qui est comme une poule sans tête qui court encore…
Tiens, autre métaphore à la con : les blattes dont on coupe la tête peuvent vire encore pendant 9 jours et finissent par mourir. Et de quoi meurent-elles ? Elles meurent de faim ! Il leurs manque des aliments !
:-))
[Je vais essayer de faire mon prochain billet de fond là-dessus…].
Bienvenue au club Quitterie Delmas.
Et si certains pensent que vous avez fumé la moquette, c'est qu'ils n'ont pas encore réussi à se débarrasser de leurs vieux automatismes de comprenette politique.
Oui hypos, nous parlions de ça depuis longtemps déjà. Et si Quitterie elle même se met à penser dans ce sens, c'est bon signe !
Je sens que si je ressors certains articles de mon ancien blog, ils seront mieux compris aujourd'hui...
Parce que les choses n'avancent pas que dans l'ombre, on a juste du mal à prendre en considération les démarches de certains, pour peu qu'ils soient inconnus...
@Passage
Oh ! je ne suis pas dans un "club Quitterie". Les clubs, ça me fait penser au club Mickey sur les plages d'été :-)) Je cite son exemple parce que autant utiliser les mots des autres quand ils expriment à un moment donné très bien ma propre pensée.
Mais je pense que tu as raison de ressortir de vieux textes de ton ancien blog. Je l'ai dit et redit : ce n'est pas les adhérents qui ont changé de convictions, c'est le MoDem qui a trompé son monde.
Lire aussi le très bon article de Crouzet ce matin "Modem comique" http://blog.tcrouzet.com/2009/07/07/modem-comique/ .. Lui était aussi déjà sceptique dès les premières universités d'été en 2007.
@ Monsieur Poireau
Fais donc, fais donc. C'est un sujet d'avenir. Bien plus que de coller aux fesses de la sarkozie ou de palabrer sur la déliquescence de la gauche.:)
@Eric84
Je constate que tous ces partis traditionnels ont le même effet sur leurs militants : ce sont des bouffeurs d'énergie incroyables mais toute cette énergie ne sert qu'à alimenter les soubresauts internes.
@ Hypos
En lisant ta réponse je me suis relue...
Non, je souhaitais la bienvenue à Quitterie qui semble avoir évolué vers ce dont nous parlons depuis longtemps. C'est à elle que je dis "Bienvenue au club"
Elle est tout de même loin d'être précurseur de ce changement de mentalité qui ne l'a pas attendue pour se révéler.
Je suis contente de la voir évoluer un peu au point de rejoindre ceux qui avancent dans ce sens...
c'est vrai que ce n'est pas un objet médiatique, mais pourtant...
@pas perdus
ce n'est pas un objet médiatique mais c'est surtout un rassemblement conçu et construit comme les autres et dans la même optique de conserver le fonctionnement de nos institutions à un poil près, identique à celui que nous connaissons.
Et si je me trompe, je serais tout à fait partante pour que tu m'expliques la différence !
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