Je parle rarement du féminisme sur mon blog. D'ailleurs, en ai-je déjà parlé ?
C'est que vis-à-vis du féminisme, ma position est plus qu'ambivalente et d'une certaine façon, j'en veux un peu à cette "cause des femmes" que j'ai absorbée en même temps que mes premiers Walt Disney.
En clair, le féminisme m'a mise très tôt en situation de double bind, une position qui amène assez invariablement à une sorte de schizophrénie.
D'un point de vue strictement intellectuel, je comprends et soutiens que la femme n'a pas à être défavorisée vis-à-vis de l'homme, qu'elle a les mêmes droits et devoirs, qu'elle doit pouvoir accéder aux mêmes carrières et jouir de toute sa liberté... Mais, j'ai envie de rajouter, comme tout être humain.
Et déjà, là, je n'adhère plus vraiment au combat purement féministe. Il me semble que ce que réclament à juste titre les femmes n'est pas spécialement propre à leur sexe.
Partout, des injustices me font frémir, partout on trouve plus faible exploité par de plus forts, partout on retrouve des clivages, des castes et des catégories. La femme, en cela, n'est pas une exception et la lutte des féministes devrait naturellement s'inscrire, à mon avis, dans un engagement plus large.
Aussitôt, j'entends ceux qui me répondront que l'on ne peut pas lutter sur tous les fronts et qu'il vaut mieux circonscrire ses efforts sur un champ plus étroit mais dans lequel on sera plus efficace. Admettons. Du reste, les chiffres lus sur ce blog qui tient le décompte des femmes mortes sous les coups en France font frémir et justifient que nous nous mobilisions pour faire cesser le scandale.
Et pourtant, je ne suis toujours pas persuadée que le féminisme n'ait pas fait de ma génération, une sorte de génération perdue.
J'en reviens au double-bind. Il s'agit d'injonctions simultanées et contradictoires auxquelles il est impossible d’obéir et qui nous mènent systématiquement à la faute. Comme par exemple, lorsque l’on demande à un enfant de trois ans de manger rapidement et proprement. Il est bien incapable de faire les deux. Soit il mange vite et se salit, soit il veille à ne pas faire de miettes mais prend son temps.
En tant que femme, c'est exactement ainsi que j'ai toujours vécu le féminisme.
Tout comme les contes de notre enfance - qui nous présentaient un idéal de femme fragile, douce et aimable systématiquement sauvée par un prince charmant - ont formaté mon image de la féminité et de ce qui est désirable aux yeux d'un homme, les antiennes du féminisme ont fait naitre dans mon esprit une représentation de ce qu'est une femme "libre".
Parce que les deux modèles étaient aussi impérieux l’un que l’autre, ils devinrent pour moi absolument antinomiques.
J'aurais préféré n'être polluée par aucun de ces modèles. J'aurais préféré qu'on me laisse être moi-même librement. Que l'on ne me demande pas d'être assez forte pour ne compter que sur moi-même et dans le même temps d'être gracieuse et discrète. Que l'on ne me présente pas à tout bout de champ l'homme comme un prédateur. Que l'on m'aide à être coquette et à savoir pleurer. Que l'on valorise autant ma féminité que mon coté garçon manqué.
Je n'ai jamais eu l'impression d'être moins armée que les garçons. J'ai toujours eu conscience de ma différence. Et cette différence, au fur et à mesure des années, j'ai su en faire aussi une force. Mais j'aurais préféré que l'on me donne plus jeune ces codes que je n'ai acquis qu'à force de déboires.
Car pendant plus de trente ans, pour ne pas décevoir ma mère et être « à la hauteur », je me suis fait un point d’honneur à « n’avoir pas besoin des hommes »( Une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette) , à faire « comme les hommes »( Non, non, non une femme n'est pas un homme sans queue ni tête !), à mépriser et à refuser la coquetterie (N’attends pas le prince charmant, apprends à lire et deviens qui tu es) , à ne pas parler des mes bobos de femme, à partir fleur au fusil et cœur léger me faire avorter (Un enfant si je veux, quand je veux !) , à assumer une sexualité « libérée » (Notre corps nous appartient), à porter seule colis et paquets (Ne me libère pas, je m'en charge ! ).
Au final, tous ces slogans féministes excessifs ont totalement biaisé la manière dont j’ai mené ma vie. Ces « impératifs » permanents m’ont mise en esclavage aussi surement que les «impératifs » de nos grands-mères.
Et pour cette raison, je suis contre toutes les lois qui obligent et contraignent. Ainsi, je suis contre les quotas ou bien la parité qui, au final, peuvent avoir davantage d’effets néfastes que positifs. Il suffit de voir de quelle manière risible les femmes sont courtisées lorsqu’il s’agit de faire des listes pour les élections. On en arrive à des abus ridicules où la compétence et la motivation ne sont plus que secondaires.
La pédagogie me semble meilleure que l’obligation. Apprendre à être une femme, ce n’est pas apprendre à imiter les hommes. C’est savoir évaluer son potentiel, exprimer ses désirs, être libre de ses choix, affirmer sa différence ...
Et comme c’est bizarre, c’est aussi ce que j’ai envie d’enseigner à mes fils.
34 commentaires:
Salut,
Je comprends ton questionnement dans un sens mais le féminisme n'est pas seulement une suite de clichés, plusieurs courants de pensée le traversent.
Le féminisme auquel je souscris a une définition universelle, prônant l'égalité pour les femmes et les hommes.
Vas jeter un coup d'oeil sur ce site:
http://www.osezlefeminisme.fr/
Leur déclaration de principes est intéressante.
@Anonyme
J'aimerais bien justement que le féminisme sortent des clichés. Pour avoir essayé (en vain)de discuter avec Christine Fauré, j'ai pu m'apercevoir à quel point rien n'a changé : le discours est excessif, emprunt sans cesse de "tabous" dont on ne doit pas parler (la condition de mère en particulier)et je n'ai rien entendu qui soit de l'ordre de la liberté de choix mais plutôt en permanence un appel aux règlements et aux quotas assorti de l'éternel refrain sur le travail "libérateur"...
Je viens de télécharger le premier numéro de osez le féminisme http://www.osezlefeminisme.fr/Osez%20le%20feminisme%20juin%202009.pdf
Bon.. Oui, je soutiens la lutte contre les violence conjugale, je me reconnais surtout dans l'interview de Sabine Salmon et je ne retrouve pas les "slogans" qui me mettent désormais hors de moi.
Il n'empêche que le style hyper revendicateur me gêne (par exemple, j'aurais bien du mal à résister à l'appel de la chaussette parce que, voilà, j'élève seule mes gosses et comme tous les gosses, ça ne les ennuie pas d'un poil que des chaussettes sales sommeillent sous le lit :-).
J'ai dû faire une mauvaise manip'. J'avais posté un commentaire pour dire tout le bien que je pensais de ton article. Là où tu parles de double-bind, je dirai triple-bind en ce qui concerne ton papier. Pas facile d'écrire sur un sujet polémique en restant libre.
Pour ça, merci !
@lediazec
Ah zut ! je n'aime pas quand blogger avale les commentaires ;-) Tu as raison, c'est un sujet polémique. Plus que polémique d'ailleurs, presque intouchable. C'est bien simple, on en arrive à une sorte d'extrémité qui fait que si tu n'es pas féministe (ou même, si tu oses critiquer le féminisme), c'est que tu es anti-femme .. Pas facile dans ces conditions de faire avancer les choses sans tomber dans le cliché.
Dans mon cas, je suis un monsieur qui commence à se faire vieux. Je suis ce que certaines femmes considèrent comme un macho, alors que je ne suis qu'un homme au masculin. Un homme, une femme, je considère les deux entités parfaitement respectables. Pour le reste, c'est la vie, avec son lot de crimes, d'injustice et parfois aussi de bonheur. Heureusement !
@lediazec
plutôt qu'un "homme au masculin", tu es peut être plutôt "un homme de ton époque", non ? Les temps changent et les repères masculins ou féminins changent aussi finalement. Je le vois avec mes gosses, mes filles comme mes garçons assument mieux leur part "de l'autre".
j'ai du mal à comprendre (mais il se fait tard) si pour toi, vie sociale et vie sexuelle sont deux avatars d'une même organisation sociale.
Il me semble que les valeurs pour lesquelles on engage un combat pour faire évoluer une société (égalité, ...) sont à quelque années lumières (et je minimise un peu) des combats que l'on mène pour vivre sa sexualité.
@Spaulding
Je cite entre parenthèses des slogans du féminismes (voir wikipedia:-). La lutte pour la libération de la femme passait bien sûr par les droits "sociaux" mais aussi par la liberté de leur corps. Y compris la liberté sexuelle et la contraception. .. Et aussi la liberté de dire "non" au "devoir" conjugal.
Bref, en ce qui concerne le combat des femmes, il s'agissait de sortir de l'état "d'objet" et donc la lutte était aussi bien dans la sphère public que dans la sphère privée.
Mais où étais-tu dans les années 60-70 ?
Oui mais pour moi la "liberté de son corps" (dans le domaine sexuelle) cela ne signifie rien.
S'il est un domaine où le corps impose son joug c'est bien dans l'acte sexuel.
En 60-70 j'avais déjà très peur des filles. Et l'expérience m'a montré que j'avais bien raison ;-))
Peut-être que pour toi Spaulding, qui est un homme, la liberté de son corps dans le domaine sexuel ne veut rien dire .. Mais demande aux femmes ... Tiens, repenses donc aux gamines qui sont mariées à 12 ans avec de vieux barbons. Ou même, repense à nos grand-mères. Où bien, considère les chiffres des viols (il est assez rare en fait que des hommes soient violés par des femmes :p) Certainement, tu comprendras ce que la liberté dans le domaine sexuel veut dire.
J'ai le plaisir de vous retrouver...en faisant le ménage dans ma messagerie (vous aviez laissé un commentaire sur mon ancien blog).
Je suis de votre avis. Nous contenons beaucoup d'injonctions venant de notre éducation et il nous faut du temps pour nous en apercevoir et ne plus leur obéir.
@Sceptique
Bonjour et merci d 'avoir laissé un message ! Quel était votre ancien blog ?
Salut Hypos,
Je poursuis ici une conversation que nous avons commencé sur Twitter. Concernant l'incompétence, je pense que nous mélangeons deux choses bien différentes. 1) la présomption d'incompétence (dont je maintiens qu'elle concerne surtout les femmes) et 2) l'évaluation des compétences une fois en poste. Sur ce 2nd point, je te rejoins, en général, les hommes et les femmes sont jugé assez équitablement dans l'exercice de leur fonctions. Par contre, le procès en incompétence se fait, en règle général en amont, lorsqu'une femme brigue une fonction ou un poste en particulier. Sur le plan politique, les premières victimes de ce "principe de précaution" qui me viennent à l'esprit sont Royal, Panafieu, Dati... je n'ai pas le souvenir d'avoir vu un homme confronté à ce type de campagne. Ils sont trop à gauche, trop à droite, trop libéraux, pas assez charismatique ect... mais de présomption d'incompétence, il n'est jamais question.
Dans le monde professionnel, c'est un peu le même problème. Je travaille dans le recrutement, tu n'imagines pas le nombre de fois ou il m'est demandé de présenter des profils hommes et femmes (pour les stats de la RH) tout en sachant pertinemment que c'est un homme qui sera retenu au final. Tu me diras ça dépend des postes, les fonctions intermédiaires ou assimilées sont en général associées aux femmes, les fonctions cadres et cadres sup, sont plus naturellement confiées aux Hommes. D'ailleurs, il suffit de regarder les stats pour s'en convaincre, la très faible représentation des femmes aux fonctions de direction, ou en politique (la France est d'ailleurs très en retard sur ses homologues Européens) est un constat sans appel.
Maintenant, le féminisme, je suis d'accord, est peut être une façon assez limitée d'adresser le problème. Car finalement, le féminisme, c'est surtout la promotion de la diversité, et cette diversité ne concerne pas uniquement les femmes. J'avoue être fatiguée, moi aussi, des discours du type "Chienne de Garde" agressifs et franchement hostiles aux hommes. Ce qui est pour moi un contre sens total, et ne facilite pas la promotion de la diversité. Au contraire c'est un discours clivant, qui instaure une compétition malsaine et injustifiée.
Donc, non, je ne pense pas que le féminisme soit un "combat d'arrière garde" juste qu'il gagnerait a se diluer dans un discours plus universaliste, celui de la promotion de la diversité.
zeyesnidzeno
@ hypos : Bonne occasion de te dire combien j'apprécie ton blog. Et pourtant je ne suis pas d'accord sur la chute. Je suis pour la parité, au moins tant qu'elle ne sera pas naturelle. Peut-être parce que je suis un homme ???
Je voyais à la une d'un journal il y a quelques jours "tel rapport demande un quota de 40% de femmes dans les conseils d'administration". Aujourd'hui je suppose qu'elles sont autour de 10%, donc que beaucoup de conseils d'administration de grandes sociétés cotés ne comptent aucune femme.
Où est l'absurdité ? Dans le mot "quota" ? Ou dans le "40%" ? Pourquoi 40 ?
@Zeyesnidzeno
Merci pour ce long message. Il est vrai que ce n'est pas facile de faire dans la nuance sur twitter. Finallement, je n'ai rien à rajouter à l'ensemble de ton commentaire : je suis d'accord sur tout et travaillant dans les RH, je sais que ce que tu dis est absolument véridique. De la même manière, je suis d'accord avec toi sur le coté "chiennes de garde" du féminisme et sur le fait que la diversité concerne bien plus de monde que les seules femmes.
Dans ce billet, je témoigne juste des risques d'un discours trop excessif, à la limite de l'arbitraire. Ne pas accepter que la femme est différente de l'homme, qu'elle peut aspirer à s'occuper de ses enfants, qu'elle peut en avoir ras le bol de se farcir de la plomberie ou les déménagements, c'est la rendre esclave d'une autre dogme.
Si j'adhère au fait qu'il faut combattre les inégalités (et ce, partout), je m'oppose clairement aux diktats féministes qui voudraient nous mettre toutes dans le même sac et nier l'évidence de notre spécificité.
@Fréderic LN
Merci pour le compliment :-) et je sais que tu n'es pas toujours (souvent ?) d'accord avec moi :-)
Pour les quotas, je suis contre, comme je suis contre la discrimination positive.
Ce sont à mes yeux des mesures simplistes qui évitent de se poser les bonnes questions sur l'éducation, les modèles H/F dans la pub, les lobbies du jouet, la condition des femmes seules avec enfants, la précarisation, le déficit des moyens de garde d'enfants, etc ...
En cautionnant ces mesures trop simples, on évacue tout ce qui gêne vraiment et qui empêche l'évolution de la société.
Je dis souvent que je n'aime pas trop cette notion de féminisme telle qu'on nous la présente habituellement, parce que trop peu de gens en parlent comme vous.
Donc là je dis bravo, je vous rejoins à 100 % dans votre analyse.
Ton point de vue me semble tout à fait cohérent.
Ce que je déteste dans le féminisme c'est quand il s'articule sur un rôle de victime et désigne ses bourreaux. Il faut faire évoluer la société sur des éqilibres…
Enfin, c'est un sujet tellement vaste qui part de l'insatisfaction de son son rôle personnel à la manière dont fonctionne la structure sociale qu'il ne peut que difficilement être résolu simplement par "la parité" par exemple.
Positivement, il me semble que depuis une trentaine d'années, les choses évoluent dans le bon sens…
:-))
@Monsieur Poireau
J'aime beaucoup ta formule " Il faut faire évoluer la société sur des équilibres".
Je suis assez atterrée de constater que sur un certain nombre de sujets "polémiques", les réactions sont agressives, clivantes, excessives, avec presque systématiquement des rôles pré-définis de "bons" et de "méchants" .. Bref, les jugements définitifs sont trop rapidement exprimés et il n'y a pas de volonté de prendre en compte ce que dit l'autre ..
De ce fait, on survit est dans une société de tabous où la langue de bois et le politiquement correct restent la seule manière d'avoir la paix .. mais aussi la meilleure façon de figer les choses sans progresser.
tu sais quoi ? je me sens fatiguée. ta mère a du vivre cela http://blog.plafonddeverre.fr/post/Les-feminismes-aujourd-hui-%3A2/-Ce-qui-a-change-dans-la-vie-des-femmes-depuis-les-annees-60
et je lui suis reconnaissante de nous avoir permis d'y échapper .
il me semble qu'aujourd'hui il serait plus utile d'essayer de construire un féminisme adapté au monde actuel que de taper sur ce qui a été fait.
Malheureusement il y a peu de monde sur le créneau.
et je ne suis pas du tout d'accord avec cette phrase "La femme, en cela, n'est pas une exception et la lutte des féministes devrait naturellement s'inscrire, à mon avis, dans un engagement plus large." si ! la femme est une exception, parceque l'histoire de l'humanité depuis l'invention de l'agriculture montre que toutes les cultures ont toujours maintenues les femmes sous la domination des hommes. aucune révolution, aucune utopie n'a fait autrement.
et si le MLF a pris son essor en 1968 c'est parceque les filles ont quittés les amphis où elles n'arrivaient pas à prendre la parole et se faire entendre pour réfléchir entre elles.
@Olympe
Je n'ai pas du tout écrit que la lutte des femmes dans les années 60 avait été inutile : j'ai dit que le discours était excessif et que j'en avais subi les conséquences. Tu as raison, il n'y a pas encore assez de femmes qui essaient de construire un féminisme plus adapté à aujourd'hui.
Bon, pour ton dernier point de vue, je comprends mais pour mi, il n'y a aucune hiérarchie à faire sitot qu'on parle de liberté.
Hypos ; juste pour donner un point de vue, sans vouloir de polémique, je trouve ton approche bien plus ouverte et intéressante. Olympe a tendance à tout voir sous le même angle et uniquement celui-là, ça m'apparait comme une sorte d'obsession morbide à force. Les choses ne sont ni roses ni noires, elles sont !
:-))
Hypos, comme promis, l'article du Monde. ça porte sur la difficile question des quotas, ou de la discrimination positive (loi en faveur de la parité) pour lesquelles je suis plutôt favorable. L'idée de progressivité n'est pourtant pas une idée inintéressante, ce qui, je crois, rejoint plutôt ton point de vue.
Les dirigeantes craignent que les quotas ne soient contre-productifs (le Monde - Annie Kahn)
"Je ne comprends pas que l'on puisse obliger une entreprise privée à avoir un quota de femmes administratrices. Le gouvernement pourrait d'abord s'intéresser à ce qui se passe dans les services publics, dans les universités en particulier, avant d'imposer des quotas dans le privé. En pleine crise économique, ce n'est vraiment pas le moment !", s'exclame Suzanne Berger, américaine, professeur de sciences politiques au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis et membre du conseil d'administration de BNP Paribas.
L'instauration de quotas pour les femmes met mal à l'aise les intéressées. Certes, le fait qu'elles ne représentent que 10 % des administrateurs des entreprises du CAC 40, selon l'étude publiée, le 29 juin, par Capitalcom, les navre. Elles redoutent néanmoins un système qui pourrait laisser croire qu'une femme est nommée parce qu'elle est femme et non pour ses compétences. "Quand je travaillais pour IBM, aux Etats-Unis, et qu'il fallait respecter des quotas pour les minorités, j'entendais, tous les jours, des petites phrases signifiant que ces nominations étaient dues à l'application de la règle des quotas", se souvient Cathy Kopp, directrice des ressources humaines d'Accor et membre du conseil d'administration de Dexia et de Schneider Electric.
"Le risque serait que, faute de femmes à des postes de direction et ayant donc l'expérience nécessaire, les entreprises proposent aux actionnaires de nommer des femmes ayant un profil atypique, ce qui rendrait leur intégration plus délicate, leur contribution, peut-être, insuffisante, et serait contre-productif", redoute Virginie Morgon, membre du directoire d'Eurazeo et administratrice d'Accor.
Pour recruter un administrateur, les dirigeants piochent en effet dans leur réseau, ou se font aider de chasseurs de têtes pour repérer des présidents ou directeurs généraux (DG) d'autres entreprises. Or les femmes ne représentent que 3 % des PDG et 6 % des DG des 539 premières sociétés cotées françaises, selon le cabinet Gouvernance et Structures (G & S).
(...)
(...)
VISIBILITÉ
"La situation évolue. Je côtoie de plus en plus de femmes qui progressent dans la hiérarchie et se rapprochent des comités exécutifs", affirme Mme Morgon. Mais "beaucoup abandonnent entre 30 et 40 ans, quand elles construisent leur famille. Or, en France, c'est à cette période qu'il faut s'accrocher. Plus que dans les pays anglo-saxons, qui sont moins normés", poursuit Mme Morgon. Cette jeune femme de 38 ans, mère de trois enfants de 2, 4 et 6 ans, consacre aussi du temps aux réseaux, notamment, de femmes : elle est administratrice du Women's Forum et du club L, un club de femmes influentes. "Au-delà de l'aide qu'ils procurent, ces réseaux modifient la perception que les autres ont de vous, vous propulsent, comme un courant chaud ascendant, vers de nouvelles sphères d'influence, dont les acteurs vous considèrent alors comme l'un des leurs", explique-t-elle.
Banquière d'affaires chez Lazard, avant d'être recrutée chez Eurazeo, elle s'est fait repérer de dirigeants, qui sont aussi ses clients. Une visibilité dont ne bénéficient pas toutes les professions. Mais qui n'empêche pas le secteur banque-assurance d'être celui ayant le plus faible pourcentage de femmes administratrices : 6 % selon l'étude G & S.
Mme Kopp participe peu aux réseaux. Elle fut en revanche membre de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) et a conduit la négociation sur la diversité pour le Medef. Plutôt que des quotas, elle préconise d'instaurer "une obligation de progrès, qui imposerait aux entreprises d'avoir au moins une femme de plus dans leur CA, dans les deux ou trois ans, jusqu'à la parité. Ce qui assurerait une progression plus naturelle". Et que, pour pallier le manque de visibilité, "les femmes dirigeantes puissent signaler quelque part leur envie de participer à des conseils d'administration".
Ce qui semble être moins nécessaire aux Etats-Unis. "Les actions positives - affirmative action - y ont fonctionné sans quotas", explique Mme Berger. "Quand une liste de candidats à un poste ne comporte aucune femme, il faut expliquer pourquoi. Je ne ressens pas cette attitude en France."
désolée pour la longueur des posts
zeyesnidzeno
@zeyesnidzeno
Au contraire, merci beaucoup de nous faire partager cet article du Monde.
Finalement, je retrouve expliqué ici et en bien détaillé, l'idée que je voulais faire passer.
Il ne faut pas se méprendre : je souhaite moi aussi, voir le nombre de femmes augmenter à des postes clés mais je pense que cette méthode simpliste a plus d'effets pervers que positifs. Cela n'empêche pas de réfléchir bien entendu à d'autres types d'actions pour promouvoir les femmes.
Monsieur Poireau, j'espère que vous faites quand même la différence entre moi et mon blog. Je tiens un blog dont le thème est le féminisme et vous ne m'entendez donc parler que de ça. En réalité le reste du temps j'ai habituellement d'autres sujets d'intérêt, mais je n'en blogue pas c'est tout.
Olympe : me voilà rassuré ! :-)
[Prochain tag que je récolte, je te l'envoies pour que tu traites un autre sujet :-P ].
Est-ce bien le féminisme ou... la femme, qui opprime... la femme
http://ysengrimus.wordpress.com/2008/07/23/la-culture-intime-des-femmes-nuit-elle-aux-femmes/
La femme n'est elle pas un peu une instance normative pour la femme?
@ysengrimus
+100 !
Ha tien...un autre "retour" à ces prétendus "excès" du féminisme. Personne n'a d'exemple concrets à donner. Mais puisque tout le monde le dit...c'est que ça doit bien être vrai n'est-ce pas ? Donc les slogans...bah c'est des slogans. Et c'est fait pour marquer les esprits pour se faire entendre. Comme pour toute lutte. Faudrait quand même pas imaginer qu'il faille écrire des "s'ils vous en plait messieurs, je suis gentille moi" pour croire que l'on fait avancer les choses. Donc CONCRÈTEMENT quels ont été les "excès" du féminisme ? La loi légalisant l'avortement ? Les centres pour femmes battues ? La prise de conscience des violences qui leurs sont faites ? les taches ménagères à 70% effectuées par les femmes ? Pas grand chose n'a bougé depuis 20 ans. Parce que voyez vous, depuis la génération de nos mères qui ont obtenues le droit à l'avortement et celle de nos grand-mères qui ont obtenu le droit de vote, notre génération n'a rien fait et se permet d'insulter ce noble combat féministe, et lui cracher dessus. Que léguons nous à nos enfants ? Le ressac ! Le retour de bâton sur toutes les avancées obtenues par nos mères et nos grand-mères. Alors ce genre d'articles ça me fait tout simplement gerber. Pas de gants pour vous traiter de petite fille gâtée qui crache dans la soupe, mais qui a bien profiter de la pilule et de son droit à l'avortement. Maintenant battez vous pour vos filles. Vous n'avez rien fait, le ressac est la. Les centres IVG ferment les uns après les autres. OSEZ LE FÉMINISME BORDEL.
@Anonyme
Bah ce n'est certainement pas avec des propos du genre "je suis une petite fille gâtée". Non seulement vous ne savez rien de ma vie mais en plus vous voudriez ensuite me rallier à votre avis ? Non seulement j'aurais pu être d'accord avec vous mais je suis moi même souvent choquée de la manière dont notre société piétine, voire recule.
Cependant vos propos acerbes sont totalement contreproductifs. En quelques sortes, ils en font qu'illustrer ce que je dis dans cette article : ne pas être féministe, oser dire qu'il a été parfois trop excessif dans sa manière d'être défendu et hop ! voilà que vous vous retrouvez montrée du doigt et quasi injuriée !
Dites nous alors ce qui est excessif concrètement dans l'histoire du féminisme. Trouvez des exemples, parce que ce qui est particulièrement exaspérant, c'est ce déni, et cette attaque permanente contre le féminisme, dont très souvent nous n'avons qu'une idée vague. C'est une leçon bien apprise de ces 15 dernières années, et moi aussi j'y ai cru à ces fameux excès du féminisme.
Quand un homme exprime sa colère, ça passe. Une femme, c'est une féministe. Et le mot "féministe" est devenu une injure.
Alors pardonnez mon exaspération, mais à l'heure ou les anti-IGV attaquent et sérieusement en ce moment, à l'heure ou une femme meurt toutes les 55h sous les coups de son conjoint, à l'heure ou toutes les 10 minutes un viol est commis en France...la patience à des limites face à ces allégations inutiles de prétendus "excés du féminisme".
Nous sommes en plein backlash. On a besoin du féminisme, plus que jamais.
@Anonyme
Je suis une femme, au cas où vous ne le sauriez pas :-)
Et mon métier, c'est justement -entre autre - de former les gens (et donc un grand nombre de femmes !) à exprimer leurs émotions DONT la colère !
Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas défendre des actions qui visent à réduire le droit des femmes, je témoigne seulement des excès d'un discours. A ce sujet, je vous invite à lire ma grosse colère sur "mes lessives roses" ! http://www.hyposblog.info/2009/10/mes-petites-lessives-roses.html
Merci pour ce très bon site, vraiment un panaché de bonnes et intéressantes idées. Surtout continuez ainsi. Bon courage
Cordialement .
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Un excellent bravo pour un excellent sujet et un excellent blog !!!
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