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jeudi 3 septembre 2009

Arnaud Montebourg, un personnage ambigu entre désillusions et espoir


Qui est Arnaud Montebourg, quelle est sa réelle volonté de changement et qu'elles sont ses marges de manœuvre au sein du Parti Socialiste ?

Après l'ITW de lui que nous avons réalisée à la Rochelle avec mes compères Dagrouik, Jon et Abadinte, ce sont les questions que je me pose encore, sans avoir pu trouver de réponses.

"L’homme est attachant, séduisant, il a du panache" dit de lui Moscovici sur son blog, dans un billet datant de septembre 2008.

"Le personnage est passionnant, par ce que même quand il déconne on a envie de lui pardonner." rajoute Dagrouik dans son dernier billet.

C'est vrai. Et j'avais déjà eu l'occasion de le découvrir lors d'une réunion du MoDem à Clamart se déroulant - risible coïncidence - dans le même lieu et à la même heure qu'une réunion de campagne du PS.


Cependant, son parcours semble parfois erratique et je ne suis pas loin de penser comme Moscovici qui - bien amèrement à la veille du Congrès de Reims - écrivait :
"Mais le politique est parfois peu constant. ... Il a toute mon affection – vraiment – mais j’ai aussi des regrets de ces virevoltes qui ne lui donnent ni prévisibilité, ni lisibilité : il a trop souvent varié pour que son jugement soit pris au sérieux désormais, et c’est dommage."

Fondateur du NPS en 2002 avec Dray et Peillon, il le quitte en 2005 pour fonder "Rénover maintenant" et se retrouve aujourd'hui promu dans l'état major du Parti Socialiste après avoir soutenu la motion de Martine Aubry dont on sait combien la victoire au congrès a été controversée.

C'est sur ce long engagement en faveur de la rénovation qu'Arnaud Montebourg s'appuie pour justifier de sa détermination. Au micro de Eric Delvaux, dans le 7/10 de France Inter, le député PS de Saône-et-Loire déclare :
"Je suis secrétaire national à la rénovation, je ne suis pas secrétaire national à l'immobilisme. Ça fait dix ans que nous avons commencé à nous battre pour transformer la gauche après le fameux et triste 21 avril 2002...ça n'a jamais marché, nous n'avons eu que des défaites"

Cependant comment croire à la sincérité de Montebourg quand ce chantre du non-cumul finit par cumuler lui-même ?

Comment croire en sa marge de manoeuvre réelle quand, face à Eric Delvaux qui le questionne sur la manière dont il pense convaincre Martine Aubry, Montebourg botte en touche et répond à coté en rappelant uniquement l'intérêt des primaires ?

C'est donc avec beaucoup de curiosité de j'abordais l'ITW dont vous pouvez avoir le son (de mauvaise qualité hélas) ici.




Q : Martine Aubry a apporté son soutien aux primaires, où en est-on au PS dans la mise en application et où en sont les discussions avec les autres partis ?


Montebourg rappelle avoir discuté avec toutes les sensibilités du parti pendant 3 mois avant la rédaction du petit livre rouge de synthèse.
"Tout électeur inscrit sur les listes électorales acquittant une participation à la primaire de minimum un ou eux euros et s'engageant sur l'honneur à défendre le vainqueur désigné de la primaire est considéré comme sympathisant de gauche.

L'autre ouverture c'est l'ouverture aux autres partis de gauche pour éviter que le premier tour de l'élection présidentielle ne devienne une sorte d'élimination du candidat du parti socialiste. C'est un outil de rassemblement. Notre difficulté s'est d'arrivée à surpasser Nicolas Sarkozy qui a rassemblé toutes les droites dans un seul parti tout en respectant notre culture parlementaire, délibérative.

Quand on le questionne sur le réalisme de cet objectif de rassemblement des partis de gauche, Montebourg répond que 3 partis ont exprimé leur soutien. "JM Baylet, JP Chevenement et Daniel Cohn Bendit". Seul - toujours d'après lui - le PC a clairement refusé ces primaires qui pour lui semblent être le seul moyen de faire barrage à Sarkozy.
Face à Sarkozy qui a tous les médias, les pouvoirs, que reste-t-il à la gauche ? Il reste le peuple, la France et Internet.

Q : Pourtant, il semble que les citoyens attendent moins une alliance des partis de gauche qu'un projet qui leur donne de l'espoir.
Ils veulent gagner ! Ils veulent gagner ! Vous savez, quand on fait des projets dans les antichambres des partis politiques, on se met d'accord pour ne pas aborder les sujets qui fâchent. Là c'est devant les Français, avec les Français . Vous allez avoir des partis qui sont très éloignés de la demande de la société qui vont se rapprocher.

Q : Au sujet d'Internet et du réseau social annoncé, est-ce qu'il n'y a pas un risque de blocage de ce processus ?
"Là nous construisons une horizontalité générale.... C'est une décision de nous tous et c'est d'ailleurs le dossier qui a le plus avancé.... On a comme projet de changer radicalement l'utilisation de l'argent public. Tout cela est en cours de restructuration."
Montebourg cite alors la disparition de l'hebdo du parti socialiste et le développement de l'interactivité.

Q : Sur la rénovation, quelle est le niveau de coordination des initiatives individuelles et quel est l'avenir des quadras ?

"Il n'y a pas de conflit de générations" répond Montebourg, qui parlait pourtant lui-même tout récemment de "génération sacrifiée".
"Le combat sur les primaires, les statuts, ce sont des combats que l'on a partagé depuis longtemps donc on s'appelle sur ces sujets... Je les ai tous mis autour de la table... Ils ont tous voté pour mon rapport."

Interrogé sur le fait que Martine Aubry se soit néanmoins ralliée fort tardivement à ce projet de primaires, Montebourg se fait moins disert et propose, agacé, que l'on pose la question directement au Premier Secrétaire.

La coordination entre son action et celle des relais fédéraux n'est pas non plus clairement explicitée. La concertation existe avec ces relais "quand ils existent" répond-il ...

Q : Au sujet du non cumul des mandats, le parti socialiste va-t-il se l'appliquer à lui-même avant d'être en position de légiférer ?

Montebourg saute sur l'occasion pour rappeler que la rénovation concerne trois volets :
  • Reprendre pied dans la société française, ce sont les primaires
  • Transformer le parti socialiste lui-même , ce sont les statuts qui seront profondément transformés l'année prochaine
  • Transformer le système politique national, c'est le non-cumul des mandats "pour organiser le renouvellement et la diversification des élus". Il souligne à ce propos que toutes les couches sociales ne sont pas représentées parmi les élus du PS, point abordé la veille dans l'atelier sur la sociologie militante.
"Il va falloir convaincre les barons. Ca ne peut se faire que dans le temps.
En ce qui concerne sa position personnelle de cumul des mandats , Montebourg avoue avoir accepté cette situation par lassitude politique face aux attaques de ses pairs de tous partis.
Mais il rajoute que lui-même ne voit aucun avantage à cette situation, qu'il a donc décidé de démissionner pour ne plus cumuler et qu'il se questionne uniquement sur le mandat qu'il lui faut conserver.


"Tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire, tout ce qui est interdit est obligatoire .... Le système est trop fort"
rajoute-t-il avec une pointe de découragement.


C'est sur cette dernière petite phrase que je souhaite conclure tant elle résume bien l'état de notre démocratie, tant elle illustre la difficulté du combat d'Arnaud Montebourg et de tous ceux qui aspirent au changement.
Tant, enfin, elle excuse à elle seule, les concessions auxquelles il doit nécessairement se soumettre dans le cadre de sa mission.


19 commentaires:

Stephane on 3 septembre 2009 à 16:38 a dit…

J'ai été surpris dernièrement de constater que dans le milieu ouvrier (dont je suis), A.Montebourg passait assez bien dans les opinions de chacun. Ce n'était pas unanime comme pour un B.HAMON qui a le vent en poupe si j'ose dire, mais le style semblait séduire.
Surpris, car pour moi il manquait de ce je ne sais quoi qui fait qu'un leader politique est un leader justement. Et certains de mes collègues, en se demandant qui au PS pouvait prétendre au poste en 2012, ont donc proposé notre cher Arnaud.
Depuis je le regarde autrement, je le trouve courageux dans ces positions et me dis à la lecture de votre billet qu'il faut certainement lui laisser encore un peu de temps, le temps de bonifier.

FalconHill on 3 septembre 2009 à 18:37 a dit…

J'ai vraiment des problèmes avec les donneurs de leçons qui ne savent pas les appliquer pour eux même. Les nombreux reniements de Montebourg, y compris par rapport à sa propre morale de la politique, ne me le rende plus crédible... Un politicard de plus. De ceux qui dégoutent les gens de la politique...

Dommage, je lui avais accordé pas mal de crédit. Notamment avant 2002...

Bonne soirée

Homer on 4 septembre 2009 à 07:09 a dit…

Un de mes collègues a pu le voir en colloque, il est revenu enthousiaste, avec un simple bémol: Montebourg manque d'expérience, de recul. Il a encore l'esprit révolutionnaire, qu'on retrouve amplifié chez Besancenot, avec les extrêmes qu'on connait. Comme chacun, il a fait des erreurs et c'est par là qu'on apprend. Mais son virevoltage si critiqué le rend t-il moins crédible, sincèrement, qu'une Ségolène enchainant les bourdes?

FalconHill on 4 septembre 2009 à 10:11 a dit…

Homer, franchement à gauche, je trouve qu'il n'y a que peu de différence question crédibilitude entre Royal et Montebourg...
Je trouve ça dommage...

Bonne fin de semaine ^^

Homer on 4 septembre 2009 à 12:31 a dit…

Falconhill: c'était bien là le sous-entendu de ma petite phrase...

des pas perdus on 5 septembre 2009 à 05:47 a dit…

J'avais aimé la lecture de son bouquin sur la VIème République et son action contre Clearstream.

Et puis... la dérive... Le cumul des mandats. Le rapport écrit avec Olivier Ferrand de terra nova et de la sarkommission sur le grand emprunt...

C'est vrai que parfois, étonnamment, le Arnaud reprend d'anciens accents de sincérité... On se dit alors qu'il n'est pas complètement carbonisé par le monde politique dominant...

On se dit aussi que c'est peut-être de la communication.

emanu124 on 5 septembre 2009 à 09:27 a dit…

Tiens c'est drôle (enfin façon de parler), je le trouve aussi très ambigü Montebourg, sous le personnage de Trublion du PS, se cache quelqu'un de beaucoup plus... sombre je dirais, voire dangereux.. On sent le type prêt à tout et à n'importe quoi (y compris à dire tout et son contraire) pour arriver au sommet - mais enfin après tout, ils le font tous. Chez lui, c'est juste très visible..

Sceptique on 6 septembre 2009 à 06:53 a dit…

Arnaud Montebourg a de l'esprit et la mauvaise langue qu'il faut. Mais il est impulsif et instable et ses variations ne peuvent inspirer confiance.
Il a l'air d'avoir du mal à avaler la pilule du non-cumul, et je le comprends. Le cumul est dans la nature humaine et ne nuit pas au travail politique. Sa critique est à la mode et prend un ton religieux ou conjuratoire.
Si une majorité ou une autre impose le principe du non-cumul, il y aura des candidats pour les sièges disponibles. Mais les compétences???

Marie Laure on 7 septembre 2009 à 11:05 a dit…

@Sceptique
En ce qui concerne le non cumul, au contraire, je me trouve très attaché à la défense de cette idée et avoue sans détour les raisons (pressions) qui l'ont poussé à cumuler lui qui n'en voit aucun avantage.

@emanu124
Je ne crois pas que Montebourg soit dangereux et je le crois sincère dans sa volonté de changement. Sauf que ... Il manque peut être de courage et de constance pour assumer ses choix. Il oscille entre volonté de changement et soumission au système ... et tout cela manque de cohérence et de fiabilité du coup.

@Falconhill
Je te trouve dur avec Montebourg quand même ;)

@Homer et Stef et Pas perdus
C'est vraiment ça avec Montebourg : On est à la fois séduit par ses idées et ses propositions de changement et déçu par ses comportements et ses "alliances" au final ... Vraiment dommage ..

Nemo on 7 septembre 2009 à 13:56 a dit…

La question que je me pose est Arnaud Montebourg aurait-il été si médiatiquement et politiquement important s'il s'était appliqué à lui-même les principes qu'il défend?
Le problème vient-il d'Arnaud Montebourg ou du PS, chantre de la baronnie politique?

Sceptique on 8 septembre 2009 à 16:11 a dit…

Cette fausse bonne idée du non-cumul est d'inspiration rousseauiste, dont nous avons discuté. Elle a des relents d'égalitarisme "procustien". Une ambition personnelle de faire de la politique est une forme de folie, exigeant beaucoup d'énergie et de disponibilité. Il se trouve que les gens atteints de cette "névrose" en ont à revendre, qu'ils se sentiraient vite étouffer dans un rôle unique, limité. Les villes auraient une administration instable si le maire était obligé de quitter son siège pour accomplir un mandat de conseiller général, régional, ou de parlementaire. La vie politique locale deviendrait un jeu de chaises musicales.
Personne n'envie ceux qui s'adonnent à ce genre de vie. Mais elle est dans la nature humaine.

Marie Laure on 8 septembre 2009 à 19:22 a dit…

@Sceptique
Je me demandais justement si je n'étais pas suffisamment névrosée pour fonder mon propre mouvement politique tellement je suis lasse de ne trouver aucun parti capable de faire autrement que de la politique d'arrière cuisine et d'arrière-garde ;-) .. et pourtant, ce ne serait pas pour obtenir un quelconque pouvoir ou statut.. Juste pour faire bouger les choses.. J'imagine qu'il y a au sein des partis existants et au PS en particulier, des tas de gens comme moi qui souhaitent faire bouger les choses. Montebourg fait peut être partie de ceux-là...
Quant au non cumul, je suis absolument pour. C'est à mon avis la seule manière de vraiment renouveler le monde des élus et d'éviter la "professionnalisation" de la politique. Cela devra aussi, pour être perenne, d'un statut de l'élu à définir.

romain blachier on 9 septembre 2009 à 16:41 a dit…

hops tagguée dans une chaine de blogs

Sceptique on 10 septembre 2009 à 06:44 a dit…

Pourquoi ne pas admettre que la politique, à partir d'un certain niveau de responsabilité (maire d'une commune de quelques milliers d'habitants, pour commencer), est un métier, à partir du moment où on n'est plus en campagne? La garantie, pour les citoyens, c'est l'élection. La lettre de licenciement est rédigée au moment de l'embauche!
Quant à faire bouger les choses (au fait, c'est quoi, les choses?)...!

Anonyme a dit…

Le véritable paradoxe avec Arnaud Montebourg réside plutôt dans cette incroyable naïveté qui accompagne les personnalités brillantes sur le fond. Qu'il soit ambitieux et tente de réussir à se hisser au plus haut sommet de l'Etat, il n'est pas le premier.

Mais sa spécificité est qu'il croit en ce qu'il fait mais qu'il a toujours réussi à se faire instrumentaliser.

D'abord par Peillon avec le NPS, quand lors du congrès du Mans, Peillon "vend" le NPS à Hollande (souvenez-vous de l'amour que porte Montebourg au Député de Corrèze..) pour des places à la direction, Montebourg refuse et quitte le NPS pour fonder RM.

Ensuite, quand il décide de rejoindre Ségolène, il part d'un principe simple... Elle incarne plus que lui la rénovation du PS. Soit il part en contre, d'une manière frontale, et c'est un suicide, soit il tente de l'intérieur, de faire passer ses idées. Il a tenté, il n'a pas réussi.

Enfin, sur le non-cumul, il faut aller regarder les gentillesses que certains de ses camarades de Saone et Loire lui ont fait pendant des années pour comprendre qu'un mandat local était un élément de survie très important...

L'adoption d'une règle claire du PS le 1er octobre lui sera d'un grand secours pour à nouveau se mettre en conformité avec ses idées sans pour autant être la cible des cumulards de la Bresse....

Montebourg a une ambition, mais c'est un des meilleurs, sur le fond, au PS. Regardez ses interviews sur la mondialisation, les rapports entre l'économie et le social...

Il doit maintenant apprendre à prendre un peu de recul sur lui-même et à moins penser que les acquiescements de ses petits camarades doivent être pris stricto sensu...

Marie Laure on 17 septembre 2009 à 10:09 a dit…

@Anonyme.
je suis plutôt d'accord avec tout ce que vous dites là. C'est d'ailleurs ce qui me le rend sympathique malgré les critiques que l'on peut lui faire sur son inconstance.
C'est de lui, avec d'autres, que j'attends un renouveau politique . Dommage que, toujours, cette nouvelle génération soit condamnée à subir la pression des "anciens".

ObïoxoïdO on 12 octobre 2011 à 08:42 a dit…

Bennn!… il faut avertir le chevalier blanc ya que lui qui peut nous délivrer de la tyrannie des mousquetaires, mais croit-tu qu’il est que ça à faire que de s’occuper de nous? on peut toujours lui demander… Ben! oui on pourrait p’tete… sinon on pourrait aussi l’appeler… bon! ben! appelons le!!! Mais qui est le chevalier blanc? On m’appelle le Chevalier Blanc. Je vais et vole au secours d’innocents. Qu’en la campagne résonne la poudre. Je vais et vole plus vif que la foudre. Mon épée est prête à servir. L’ennemi n’a qu’à se tenir. De chacun je suis respecté. Du paysan au chevalier. On m’appelle le Chevalier Blanc. Je vais et vole au secours d’innocents. Cent fois ma tête fut mise à prix. Jamais personne ne m’a pris. Vingt soldats ne me font pas peur. J’ai pour moi la force et l’honneur. La justice guide on bras. mais rien ne l’arrêtera lalalalalalalalaaaaa ah lalala laaa lalalalalaa. lalalalalalalaa. On m’appeeeeeeeeeeeeeelle le chevalier blanc… Le chevalier Montebourg en Bresse dit blanc, c’est ainsi qu’on le nomme, à voir sur le lien suivant http://www.dailymotion.com/video/xb1gd_le-chevalier-blanc

Unknown on 17 avril 2013 à 12:37 a dit…

C'est très sympa de mettre votre talent a la disposition de tout le monde
Avenir amour

voyance en ligne on 17 octobre 2016 à 18:27 a dit…

Je trouve ton blog très intéressant, tu donnes d’excellents conseils .

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